Au XVIIIe siècle, les ducs de Lorraine et de Bar ont su par leurs décisions et engagements donner un élan prodigieux à nos plus belles manufactures et développer ainsi remarquablement celles qui magnifiaient déjà parfaitement les Arts du feu.
Ils ont ainsi tissé une trame d’expertise artistique et culturelle qui allait couvrir l’ensemble du territoire.
La Lorraine est ainsi devenue une vitrine d’art, admirée et souvent enviée par la France voisine.
En effet grâce à ses richesses naturelles abondantes, au savoir-faire ancestral de ses Maîtres d’art et au talent reconnu et prisé de ses artistes, la Lorraine est la seule région de France à produire des œuvres aussi exceptionnelles, dans les trois domaines réunis relevant des Arts du feu : la céramique, le cristal et le métal.
Au début des années folles, alors que le monde connaît une forte croissance économique et que l’Art déco s’épanouit, les manufactures de renom qui produisent des flacons en cristal pour la parfumerie de luxe ne peuvent plus honorer les commandes trop nombreuses qui affluent du monde entier.
C’est dans ce contexte extrêmement favorable que Jules Bayet, fin connaisseur du monde du cristal et du luxe pour avoir œuvré durant 13 ans au sein de la cristallerie de Baccarat et son annexe de Rambervillers, puis auprès du grand parfumeur Coty, prend la décision de construire sa propre cristallerie à Nancy, destinée à la fabrication de flacons de parfum.
Pour créer cette manufacture, Jules Bayet convainc de grands financiers de la place de Nancy qui participent déjà activement à la vie artistique, industrielle, commerciale et politique de la ville et recrute les meilleurs designers, ingénieurs et Maîtres d’art.
Dès 1921 la manufacture produit ses premiers flacons de luxe, signés de sa marque « CN ».
La qualité exceptionnelle de ces objets de création égale celle des plus grandes manufactures régionales renommées.
L’entreprise bien représentée à Paris et dans tous les départements français ainsi que dans les colonies comme Alger ou Oran crée un réseau international de vente. Elle mondialise son succès en créant une filiale à New York et des agences de vente à Londres, Cologne, Buenos Aires et Rio de Janeiro.
Cette pépite de l’industrie d’art verrier de Nancy est aujourd’hui complètement oubliée et son existence n’est plus connue des Nancéiens.
C’est cette aventure extraordinaire que Gérard Caussaint, académicien et auteur de cet ouvrage, vous raconte dans ces pages richement documentées. Le groupe de travail qu’il a constitué au sein de la section verre-cristal de notre société a participé, sous sa direction, aux recherches entreprises il y a maintenant plus de quatre ans.
Je mesure le remarquable engagement, le talent et la grande ténacité de l’auteur et ses soutiens et leur adresse mes plus vifs remerciements, pour avoir su faire revivre cette splendide et rayonnante Maison d’art.
Les membres du Conseil d’administration d’ALORAF sont ravis d’avoir pu soutenir un tel projet. Cette activité de conservation et de promotion de notre patrimoine régional, caractéristique des arts du feu, reste l’objectif majeur de l’Académie Lorraine des Arts du feu.
Francis d’Alascio, président fondateur d’ALORAF